8 août 1944 : La Libération de Saint-Martin-des-Champs

Ce petit article n’aborde que les évènements liés à Saint-Martin-des-Champs. Raconter en détail les évènements de Morlaix d’août 1944 demanderait plusieurs livres, d’ailleurs souvent déjà écrits par des gens y ayant participé, ou par leurs enfants. Livres malheureusement souvent édités en tirage limité et non-réédités.

Rappelons les évènements majeurs qui ont marqué notre commune pendant cette triste période :

 

 

29 janvier 1943 - Le bombardement du viaduc

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Ce jour-là, douze bombardiers Boston-III de la R.A.F. larguent de 2 400 m d’altitude 43 bombes de 250 kg sur le viaduc. Seule une arche du viaduc est touchée (coté Est). Mais les autres bombes tombent tout autour, faisant au moins 72 morts civils et de nombreux blessés. L’une d’elle tombe sur l’école Notre-Dame-de-Lourdes sur deux classes enfantines tuant 39 enfants de 4 à 7 ans et leur institutrice, et en blessant 19 et leur institutrice. Parmi les victimes, dix petits Saint-Martinois : ABGRALL Andrée, ABGRALL Guy, BERIGAUD Raymonde, BERTHOU Bernard, BOURVEN Jean Claude, CAOUDAL Jeanine Marie, CUEFF Marie Louise Yvette, DECOCK Willy Maurice, LE BRAS Constance, SALOU André, tous âgés de 5 ou 6 ans.

 

 

 

 

26 décembre 1943 - La rafle et la déportation des 59 otages

24 décembre 1943, vers 20h10, une grenade est lancée depuis la rue Gambetta sur le Soldatenheim (foyer du soldat allemand) de Morlaix, installé en contrebas, dans les salons Quiviger, rue de Brest, faisant 17 blessés. En représailles, le 26 décembre, les troupes d'occupation perquisitionnent dans les maisons de la ville et arrêtent 600 jeunes gens et hommes. 60 sont retenus comme otages et conduits au camp d'aviation de Ploujean. Ils partent en déportation le 02 janvier. L’un deux, Roger Dinet, sera libéré à Compiègne, car sa présence est jugée indispensable à l’usine à gaz de Morlaix. 

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Sur les 59 déportés, 5 s'évadent pendant la traversée de la Champagne, 54 arrivent au camp de concentration de Buchenwald le 24 janvier 1944, où après trois semaines de quarantaine, ils sont séparés, 17 demeurent à Buchenwald, 26 sont dirigés vers Flossenburg, 7 vont à l'usine souterraine de Dora-Mittelbau, 4 se retrouvent dans d'autres lieux. Tous sont utilisés comme main d'œuvre pour l'industrie de guerre du Reich. Seulement 22 reviennent de déportation.

Le Saint-Martinois Bizien GUEGUEN, né le 19 mai 1921, marié à Héloïse JACQ, faisait partie des 59. Il passe par Buchenwald, puis Dora (matricule 42909). Il décède à 22 ans, le 2 février 1944 (Source JO: 113-17/5/1994), lieu non précisé (fort probablement Dora).

 

9 avril 1944 - L'embuscade de Traon-ar-Velin

Dans la nuit du 8 au 9 avril 1944, vers deux heures du matin, une patrouille cycliste allemande arrête quatre résistants sur le point de saboter la voie ferrée Morlaix-Brest : Jean BOURLES, 23 ans, Albert CREAC'H, 23 ans, Henri GRALL, 22 ans, et François PHILIPPE, 23 ans. Le 9, dimanche pascal, le groupe FTP de Pleyber, composé de Georges LE BAUT, 21 ans, son frère Roger LE BAUT, 19 ans, François LE GALL, 20 ans, Arthur LE BUANEC, 24 ans, et du Saint-Martinois René COCHERY, 30 ans, montent une embuscade juste avant Traon-ar-Velin pour tenter de libérer les patriotes qui sont conduits à Morlaix. Un soldat allemand, Otto Kulak, 41 ans, est tué. Mais les autres ripostent et des renforts leur arrivent trop rapidement. Georges Le Baut est grièvement blessé, ainsi que son frère Roger, René Cochery est pris. François Le Gall s'enfuit, franchit le Queffleuth. Mais il est dénonce et arrêté le jour même.

Arthur Le Buanec est arrêté chez lui le 13, de même que deux autres résistants de leur groupe, après dénonciation, Jean Lautrous et Marie Mesguen, agent de liaison. Georges Le Baut séjournera dans les hôpitaux et prisons jusqu’à la Libération, et sa santé gravement altérée, décèdera en 1958. Les huit autres résistants sont fusillés dans les dunes du Poulguen, en Penmarc’h, le 21 avril 1944.

Le cadavre de Jean Lautrous est sans doute l’un des cinq découverts à la prison de Mesgloagen à Quimper à la fin de la guerre. Marie Mesguen, déportée à Ravensbrück, revient à Morlaix le 18 mai 45 et, bien que malade, reprend un commerce 37, rue de Villeneuve, se marie en 1948, mais décède en 1952.

8 juin 1944 : arrestation puis exécution de six résistants à Sainte-Sève

C’est au manoir de Pen-ar-Vern, à Sainte-Sève, que le 08 juin 44, vers 5 heures du matin, des éléments de la Feldgendarmerie arrêtent, sur dénonciation, quatre jeunes résistants réfractaires au STO, qui ont trouvé asile chez François TREVIEN, dans une remise : Marcel LE BERT, René MORVAN, et les frères Hervé et Jacques OLLIVIER. Ils sont embarqués, ainsi que leur hôte, père de cinq enfants en bas âge, et son commis Henri CORVEZ. On les conduits à Plouénan, puis à Saint-Brieuc où ils sont fusillés le 10 juin 1944.

3 août 1944 : meurtre du petit Jaime Alemany, 14 ans

 « Les allemands avaient installé à la Barrière un grand stock de bois de construction, derrière chez Cueff, entre la route de Plouvorn et la route de Sainte-Sève. Il était gardé par un seul soldat allemand. Les gens sont venus voler du bois et le soldat était affolé. Il courait vers la route de Sainte-Sève pour chasser ceux qui y prenaient du bois. D’autres venaient alors de la route de Plouvorn, et il courait alors vers eux. Et de nouveau vers la route de Sainte-Sève. Finalement il tira avec son fusil et tua le petit Jaime Alemany. Le corps du garçon fut ramené chez lui, où le soldat allemand vint le voir. Il pleurait. »
(Source : témoignage de Madeleine Fily).

4 août 1944 : meurtre de deux pompiers, Jean-Marie Le Goff et Jean-François Caouissin

 Deux pompiers qui reviennent des chantiers Queinnec et Guillou, voie d'Accès au Port, que les Allemands ont incendiés, rentrent à leur domicile, caserne des Jacobins. Des motocyclistes Allemands, arrivant de la rue de Paris, les prennent pour des terroristes et les abattent devant l'épicerie Félix Potin ; pourtant, ils portent un casque blanc et le brassard de la défense passive. Madame Caouissin, locataire de l'ancienne caserne Colbert, sort de l'immeuble et découvre le cadavre déchiqueté de son mari Jean-François, âgé de 35 ans, père d'un enfant. Son collègue, Jean-Marie Le Goff, de Traon ar Velin, 39 ans, laisse une veuve et quatre enfants.

Peu après, Albert Surel, pompier mécanicien, se présente aux Jacobins avec la moto-pompe. Il est aussitôt assailli par les Allemands, qui lui demandent d'où il vient à cette heure. Il répond qu'il a effectué des rondes sur les lieux incendiés au cours de la journée. Ce que les Allemands ignorent, c'est que Surel vient de livrer dans la propriété de Maître Coursin, derrière la gare, des armes cachées dans la moto-pompe : trente fusils, dix mitraillettes et trois fusils mitrailleurs qui viennent d’être parachutés le 3 août. Ces armes sont destinées aux hommes chargés d’empêcher les Allemands de détruire le viaduc.

5 août 1944 : Louis Le Bail et François Pierre Rideller sont tués en tentant de rejoindre le maquis

Le Bail Louis

 

Louis LE BAIL, 37 ans, né le 24 janvier 1907 à Plouigneau, chef de la police municipale de Morlaix, est arrêté le 5 août 1944, vers 19 heures,  au retour d'une mission en service commandé pour essayer d'arrêter une  unité allemande (reconnaissance des effectifs ennemis à Plouigneau). En  tentant de s'enfuir, il est immédiatement passé par les armes, sans jugement, à Kéranfors.
Il était entré dans la Résistance en août 1943, dans le réseau "Libération Nord", sous les ordres du Commandant Noël, dans la section FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) où il s'était occupé particulièrement du recrutement de volontaires. Il sera un agent de liaison de premier ordre et distribuera les tracts et les journaux clandestins, tout en ravitaillant les maquis. Il participera également à différentes missions de sabotage et de harcèlement des troupes de la  Wehrmacht. Le 6 mai 1944, sous le pseudonyme de "Félix", il rejoint le maquis de Lambrat de Plourin-lès-Morlaix et intègre le bataillon d'Ornano. Il sera
nommé, dès le 1er juin 1944, à Kergus,  chef de groupe au grade de sergent et prendra le commandement de 20 hommes. Le 4 août 1944, il gagne le maquis de Saint-Laurent à PLOUÉGAT-GUERRAND,
où il dirigera un groupe de 25 hommes ".
(Source : Véronique Le Bail, petite-fille de Louis Le Bail).

 

Rideller Francois Pierre

 François Pierre Rideller, 35 ans, adjudant-chef aviateur, sous-lieutenant au bataillon FFI d’Ornano, né à Saint-Martin-des-Champs le 29 juin 1909, tente lui aussi de joindre de maquis de Saint-Laurent, à pied. Son frère, Robert, peu de temps avant est passé à vélo devant lui, porteur d'un pli à remettre à la Résistance à St Laurent. A partir de Plouigneau, il est guidé par le jeune Jean Hamon, 13 ans, qui marche à quelque distance devant lui. Mais eux aussi tombent sur ces troupes allemandes. Le jeune Jean Hamon réussit à faire croire aux Allemands qu’il habite dans les environs, où il sait qu’il y a une famille homonyme. Mais Rideller est lui sauvagement battu, puis attaché à une charrette et traîné sur plus de deux kilomètres jusqu’à l’entrée ouest de Plouigneau à Kerbriant où il sera achevé vers 23h00.
(Source : Jean-Jacques Fournis, d’après témoignages d’Ignaciens).

 

 

6 août 1944 : assassinat d'Yves Evenat

 Yves Évenat, 22 ans, caporal-chef FFI, reporter lithographe de profession, se trouve vers 17 h. avec quelques compagnons sur la place de la Barrière quand survient une voiture allemande. Yves Évenat se réfugie dans la maison Le Gall, rue de la Barrière, mais l’officier allemand l’a repéré, entre dans la maison, et l’abat avec son pistolet.
Une plaque a été apposée à cet endroit, et une rue de Saint-Martin-des-Champs porte son nom. « L’officier qui l’a tué est venu à notre maison pour réclamer de l’eau pour se laver les mains. A l’époque, il n’y avait plus d’eau potable, et l’on allait chercher de l’eau à l’extérieur que l’on stockait dans un grand fût. Et on a dû lui en donner. »
(Source : Madeleine Fily).

8 août 1944 : mort de Pierre Lucas

 Vers 4 h. du matin, le FFI Pierre LUCAS, 22 ans, est tué quartier du Château. Nous n’en savons pas beaucoup plus. Si vous avez des informations, nous vous serions reconnaissants de nous les communiquer.

8 août 1944 vers 15h : arrivée des Américains

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Les déportés

 BRODIN Emile recBRODIN Emile, né le 28/03/1898 à Ambrières (51), contremaître à l’entreprise Géréec. Condamné d’abord à trois mois de prison pour propos anti-allemands, puis déporté pour avoir fait dire à St-François-Cuburien une messe pour des patriotes exécutés. Il est envoyé de Compiègne le 23 juin 1943 vers le KL Buchenwald, (matricule: 14716), puis Karlshagen / Peenemüde, Dora, et Lublin / Majdanek où il décède le 05/03/1944.

 

 

LE DUC Jean Marie 1898 1945LE DUC Jean-Marie, né le 16 mars 1928 à Taulé (29. Résistant, membre du réseau Turquoise, il est déporté le 28 juillet 1944 de Compiègne vers Neuengamme. (matricule 40279) et son kommando de Bremen (Brême)-Osterort où il disparait le 31/03/1945.

 

LE ROUX Edouard, né le 06/01/1899 à Saint-Martin-des-Champs. Déporté, il arrive au KL Natzweiler (« le Struthof ») le 19 août 1944 en provenance de Brest et décède le 26/01/1945 à Schömberg (un des kommandos de Natzweiler).

 

DE KERGARIOU Gabriel01 N 1901 2925400 51154 04020 brazDE KERGARIOU Gabriel Henri Roland, né le 23/10/1901 à Saint-Martin-des-Champs. Résistant, déporté « Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard) », parti le 27 mars 1943 de Paris (gare de l'Est) et arrivé le 29 mars 1943 au KL Mauthausen (Autriche), matricule 25517, il est gazé le 3 août 1944 à Hartheim à l'âge de 42 ans.

Cet article est bien sûr très incomplet, voire inexact. Son but est de rappeler quelques évènements et de susciter quelques témoignages.

 

 

Si vous avez, soit personnellement, soit de sources de parents ou grands-parents, des informations complémentaires ou des photos, nous vous serions reconnaissants d’en faire part, soit par courrier, ou mail adressé au service Communication de la mairie : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Nous préparons un site internet, en collaboration avec l’association Echanges de Savoirs, qui sera consacré aux morts Saint-Martinois de la guerre de 1939-1945. Si vous avez des photos ou documents que vous ne pouvez scanner vous-même, vous pouvez le faire faire à la médiathèque du Roudour, qui nous transmettra.

 

Petit lexique :

  • FFI : Forces Françaises de l’Intérieur, résultat de la fusion au 1er février 1944, des principaux groupements de la Résistance intérieure française : Libération-Nord, l'Armée secrète (AS, gaulliste, regroupant Combat, Libération-Sud, Franc-Tireur), l'Organisation de résistance de l'armée (ORA, giraudiste), les Francs-tireurs et partisans (FTP, communistes), etc.
  • FTP : Francs Tireurs et Partisans, mouvement de résistance créé fin 1941 par la direction du Parti Communiste Français.
  • Feldgendarmerie : police militaire allemande
  • STO : Service du Travail obligatoire : réquisition des jeunes gens nés entre 1920 et 1922, pour partir travailler en Allemagne.

Sources :  Morlaix 1647-2009 par Marthe Le Clech Recherches et témoignages

 

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Tableau de Louis Le Gros, déporté à Buchenwald

 

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